Pacte 2012 pour la Justice

Attention manipulation : le billet de Maître Eolas

Maître Eolas n’apprécie pas les propositions du Pacte 2012 pour la Justice. C’est son droit.

Mais plutôt que d’expliquer en détail en quoi ces propositions seraient inappropriées, il se livre à une attaque en règle du témoignage appelant à signer le Pacte – le témoignage de Joël Censier, dont le fils Jeremy a été tué en 2009.

L’intégralité du témoignage de Joël Censier est vrai et authentique. Il est partie civile au procès et a donc accès à l’intégralité du dossier d’instruction. Le billet de Me Eolas, lui, est rempli de contre-vérités parce qu’il est extérieur à l’affaire et n’a pas accès au dossier :

  • Son billet est truffé d’erreurs factuelles et de mise en doute éhontée de la véracité du témoignage d’un père de victime

Dès le début du billet, Maître Eolas prétend par exemple que « il est manifestement impossible que l’agresseur de Jeremy ait su que son père était policier puisque les faits ont eu lieu à Nay et que Jérémy habitait dans le Gers à 200 kilomètres de là ».

Pourtant, la réalité est que deux des mis en cause connaissaient Joël Censier et Jeremy (le juge d’instruction a d’ailleurs été extrêmement surpris lorsque Joël Censier les a reconnus sur les photos qui lui ont été présentées).

Autre exemple, Maître Eolas dit « Cette anecdote est curieuse » et dit « prendre ces affirmations avec des pincettes » quant au fait que Joël Censier se soit vu présenter une convocation à la gendarmerie lors de la reconstitution. C’est pourtant la stricte vérité et cette mise en doute n’honore pas Me Eolas.

  • Loin de « dramatiser » la situation, Joël Censier a au contraire atténué la dureté des faits, par pudeur

Maître Eolas parle de « dramatisation ». Ainsi, il conteste le terme de « barbarie inimaginable » dans les termes suivants : « En réalité, Jérémy Censier a reçu cinq coups de couteau dont deux mortels et des coups de pied une fois au sol. Voilà pour la « barbarie inimaginable ».

Chacun jugera si ces seuls faits relèvent ou non de la barbarie, mais précisons que Joël Censier, par pudeur, s’est gardé de dire qu’un témoin avait vu l’un des jeunes sauter à pieds joints sur la tête de son enfant.

Autre fait non mentionné dans la vidéo, et qui aurait été utilisé si le but avait été de « dramatiser » : les aveux du principal suspect ont été annulés, pour vice de procédure, et ne pourront plus être utilisés contre lui.

Ce n’est pourtant pas un « petit » dysfonctionnement. C’est un coup de tonnerre, une décision sur laquelle  va s’appuyer l’avocat du présumé tueur pour demander l’acquittement de son client.

  • Le seul élément fondé du billet de Me Eolas est de dire que Joël Censier n’utilise pas, à un moment donné, le terme juridique approprié

Joël Censier parle d’une « demande de mise en état du dossier », alors qu’il s’agissait plutôt d’une demande de passer en revue l’instruction.

Voilà pour les faits.

Sur le fond, Me Eolas juge parfaitement normal le fonctionnement d’une Justice qui remet en liberté, sans contrôle judiciaire dans un premier temps, un meurtrier présumé pour la simple raison que des délais de procédure n’ont pas été respectés. C’est son droit, mais c’est le cœur du désaccord avec les soutiens du Pacte 2012.

Pour Joël Censier, pour l’Institut pour la Justice et pour tous les soutiens du Pacte 2012, c’est au contraire le signe d’une Justice qui a perdu de vue sa mission première de protection des citoyens.

Or seule une réforme en profondeur du système judiciaire pourra rééquilibrer la Justice en faveur des victimes : c’est l’objet du Pacte 2012. Et c’est précisément ce qui relie l’affaire Censier à ce Pacte 2012 : la nécessité de reconnecter la Justice aux préoccupations des citoyens.

Pour en savoir plus :


Réaction de Joël Censier au billet de Me Eolas

" Je voudrai dire à ce Monsieur que durant toute ma carrière de Policier, j’ai été l’objet d’invectives en tout genre, tant sur la voie publique, qu’à l’intérieur-même de nos locaux. Je n’y ai porté aucune importance, car nombre d’entre ces gens se trouvaient en situation d’alcoolisme avancé, voire en position sociale pitoyable ou en situation de flagrance délictuelle, voire criminelle.

Leur brutalité verbale les amenait  à déverser leur venin sur les représentants de l’ordre, une manière, somme toute, exutoire qui faisait retomber la pression qui pesait sur eux avant une éventuelle interpellation en règle.

C’est une première que celle d’entendre et de lire les propos vexatoires d’un individu dont l’intelligence, pour un homme qui se dit, homme de loi, s’est arrêtée au niveau bien en-dessous de ce que j’ai pu rencontrer dans ma carrière professionnelle. Chapeau bas à l’homme de loi dont la notoriété intellectuelle, dans le cas d’exemple, se situe à hauteur du caniveau parisien."